Fais pas ci, fais pas ça !

Quelques jours ou semaines de repos passés en famille ou entre amis : l’occasion rêvée de découvrir des manières de vivre parfois diamétralement opposées aux nôtres. On en revient « reboostés », dégoûtés, épuisés ou simplement heureux de retrouver son propre cocon, ses propres repères. C’est aussi l’occasion de confrontations entre les générations, entre les « avec enfants » et les « sans enfant », les systèmes éducatifs « stricts » ou plus souples … pas toujours facile à vivre pour tous ces moments là…

Faispasci

Me vient alors à l’esprit toutes les remarques que doivent essuyer les toutes jeunes mamans de la part de leur entourage, voire de parfaits inconnus.

Avez-vous remarqué que dès que l’on tombe enceinte on tombe également dans le « domaine public » ? Les uns et les autres se permettent de nous faire des remarques sur tous nos actes de la vie quotidienne : notre alimentation,  le moindre de nos gestes, notre façon de nous comporter, sont susceptibles de commentaires et de diktats péremptoires (« Tu ne devrais pas manger ça » ; « Quoi tu bois une goutte de champagne, tu es inconsciente » ; « Arrête de te donner comme ça pour ton boulot » ; « Tu es folle, tu n’as pas arrêté TOUTES les cigarettes ?»*) jusqu’à venir même poser sa main sur notre ventre rebondi (non mais ! Cela vous viendrait à l’idée de faire ce geste incongru sur une jeune femme au ventre tout plat ?).

Comme je parle ici d’allaitement, évidemment j’ai une pensée émue vers toutes ces femmes allaitantes de nourrissons qui entendent à longueur de vacances des affirmations bien trempées, prenant leur source dans une ignorance totale de ce qu’est l’allaitement maternel. Une petite liste non exhaustive de telles déclarations :

  • en période de fortes chaleurs, « Tu dois lui donner de l’eau, il va se déshydrater » ; «Il mange encore ? » ; « Il faut que tu boives beaucoup d’eau pour avoir du lait »; (Rapidement : le lait maternel est composé à 98% d’eau … Quand il fait chaud tout le monde boit souvent, même les bébés ! Le lait se fabrique à partir du sang pas à partir de l’eau que l’on boit, souvent on peut avoir davantage soif, il est donc important de répondre à ses besoins, ni plus, ni moins.)
  • « Arrête de lui proposer tout le temps le sein, il va devenir capricieux et prendre de mauvaises habitudes » ; « Donne lui une tétine, c’est bien mieux pour lui et pour toi » (A noter : un nourrisson tète, en moyenne, 8 à 12 fois par 24h ce qui est le meilleur moyen de bien lancer une lactation ; un tout petit peut confondre son besoin de succion et son besoin de s’alimenter, la tétine est donc à manier avec précaution au tout début.)

J’en passe et des meilleures… Si la maman a déjà vécu une expérience d’allaitement positive, elle sera, parfois, suffisamment sûre d’elle pour ne pas écouter ces propos. S’il s’agit de son premier bébé, elle aura tellement peur de mal faire qu’ils peuvent avoir un impact dévastateur sur sa confiance et sur son allaitement.

Alors jeunes mamans, n’hésitez pas : armez-vous d’un compagnon qui vous soutient à 200 %, d’un groupe de soutien de mères à mères, d’une « bible pratique allaitement » à laquelle vous vous référez en priorité (cf les livres de Véronique Darmangeat ou de Marie Thirion) voire aussi d’une consultante en lactation IBCLC ,et laissez glisser sur vous tout ce que les « autres » disent sur votre allaitement.

Maintenant que vous voici de retour chez vous, soufflez un grand coup, et faites exactement ce qu’il vous semble juste de faire : proposez le sein aux signes d’éveil, câlinez votre petit autant que vous le souhaitez, mangez ce qui vous fait plaisir, retrouvez votre rythme à vous. C’est vous qui savez en priorité ce qui est bon pour bébé, d’autant plus que vous avez pris le temps de vous informer bien avant que les autres ne vous disent ce que vous devriez faire.

Bonne reprise à tous !

*Attention, je n’encourage absolument pas à boire de l’alcool et fumer en étant enceinte ou en allaitant : il me semble seulement juste de voir en toute femme, enceinte ou non, une personne responsable, capable de prendre ses décisions en pleine conscience, sans avoir besoin de chaperons d’aucune sorte.