Parler d’allaitement en photos

Je fais une petite pause écriture avant de faire une vraie pause estivale : aujourd’hui je vais seulement vous donner des nouvelles de l’exposition photo que j’ai créée et dont j’ai déjà parlé ici « A chacune son chemin pour un allaitement paisible ». C’est ma pratique quotidienne qui m’a donnée envie de parler d’allaitement à tous et la rencontre avec Laura Boil, photographe, (www.lauraboil.com) a été déterminante pour choisir le comment : ce sera la photographie. Par le biais d’une exposition et d’un livre.

  • Voici une vidéo (4mn) qui présente notre projet et  un appel à un soutien sonnant et trébuchant (de 5 euros en 5 euros toute aide est utile), il ne reste plus que 4 jours pour concrétiser cette aide : http://fr.ulule.com/achacunesonchemin/  Vous verrez que nous avons d’ores et déjà atteint notre objectif initial ce qui est absolument génial, mais comme nous avons envie de déplacer des montagnes, nous espérons le dépasser encore…donc n’hésitez pas pour le petit coup de pouce ! (vous aurez plus de détail en consultant les news).
  • Voici un article et des photos en exclusivité sur le site du journal Famili http://www.famili.fr/,images-exclusives-a-chacune-son-chemin-pour-un-allaitement-paisible-une-expo-sur-l-allaitement-maternel,474384.asp#close
    Achacune
  • Enfin, le livre « A chacune son chemin pour un allaitement  paisible » paraîtra en octobre aux éditions « Un autre reg’art ». C’est le Dr Marc Pilliot, pédiatre, membre fondateur de l’IHAB France, ancien président de la COFAM, qui en assure la préface.
    Les photos de ce livre montrent la réalité de l’allaitement maternel, dans sa diversité et sa simplicité : il ne s’agit pas d’un guide pratique, plutôt d’un parcours visuel artistique qui sert de prétexte pour aborder de multiples aspects très concrets de l’allaitement. Il diffuse donc aussi des informations validées et déboulonne, en douceur, bon nombre de mythes ou d’idées reçues sur le sujet.
    Cet ouvrage s’adresse bien entendu aux parents et futurs parents intéressés ou s’interrogeant sur l’allaitement maternel, mais il a également pour objectif , tout comme l’exposition, d’interpeler des personnes qui ne sont pas forcément dans l’immédiate parentalité, jeunes et plus âgés, voire personnes âgées, futurs parents potentiels et grands-parents actuels, en l’inscrivant dans une question de société.
    Cadeau d’une mère à sa fille, d’une femme à sa sœur, sa cousine ou son amie, « A chacune son chemin pour un allaitement paisible» se transmet de l’une à l’autre pour aiguillonner la curiosité et initier des réponses à leurs questions.

Voili voilà. Ce sera tout pour aujourd’hui. Je vous retrouve dans quelques semaines parce que j’ai encore beaucoup beaucoup de choses à écrire sur l’allaitement… A venir : les diktats qui nous tombent dessus quand on tombe… enceinte ! 😉

Allaiter ça fait maaaaal…

Même pas vrai !

Attention : il n’est pas question que je nie ici la douleur vécue pas les femmes qui allaitent (ou essaient d’allaiter). Elle serait d’autant plus intense que l’émotion ressentie ne serait pas accueillie et reconnue. Donc, douleur il y a bien trop souvent. Et bien trop souvent, il y a cette petite phrase assassine : « Vous avez mal ? C’est normal, ça va passer. » Non ça n’est pas forcément normal. Et oui ça va passer, ou PEUT-ETRE PAS…

En fait, allaiter ne DEVRAIT PAS faire mal. Si douleur persistante il y a, il est primordial de ne pas l’accepter et d’en chercher la cause afin d’explorer des pistes pour la soulager au plus vite.

mot_stop

Nous sommes tous différents face à la douleur, ce qui ne fait de personne une « douillette » ; les unes et les autres ont simplement un ressenti différent et ce qui semble être un « simple bobo» pour l’une va être vécu comme quelque chose d’insupportable par d’autres. Et vice versa. J’utilise volontiers une échelle de 1 à 10 pour évaluer comment la femme vit sa douleur. Notion qui reste malgré tout très subjective mais permet de rendre un peu plus concret le « ça fait mal ». Qu’il y ait un temps d’adaptation des seins, je veux bien, ils sont habitués à des caresses beaucoup plus douces que la succion d’un nourrisson ! (J’invite tous ceux qui n’ont jamais allaité à mettre leur petit doigt bien propre dans la bouche d’un bébé qui demande à téter : le message sera clair…) Donc une période de douleur « normale » est possible (et non obligatoire) durant environ 1 à 2 semaines ; je la situe aux alentours de 2, maximum 3, sur l’échelle d’évaluation, mais encore une fois cela va dépendre de chacune. Quoiqu’il en soit, pour moi, en aucun cas elle ne devra dépasser 3. Elle ne doit pas être insoutenable, faire venir les larmes, l’appréhension totale (« Encore ? Il faut encore que je lui donne ?»), la tension et… les rougeurs puis crevasses.

Les crevasses ne sont pas un passage obligé : elles sont le résultat d’un frottement inadéquat sur la peau si fragile des mamelons. Elles sont aussi la porte d’entrée de joyeusetés dont il vaut mieux se passer (infections en tout genre). On a donc tout intérêt à ne pas les laisser s’installer. Parfois bébé doit apprendre (dès sa naissance) à ouvrir grand la bouche, d’autres fois sa succion désorganisée pour X raisons va lui demander aussi un temps d’apprentissage, quelque fois il y peut y avoir une difficulté physique qui l’empêche de prendre le sein correctement (freins de langue ou de lèvres trop serrés, par exemple, problème qui peut être résolu). Il y a beaucoup d’autres raisons d’avoir mal. Rarissimes sont celles qui ne trouveront aucune solution. Pour peu que la mère soit bien accompagnée et soutenue.

Le temps peut également être un allié dans le traitement de la douleur : les seins s’habituent, bébé grandit et apprend vite, maman aussi est plus à l’aise dans sa manière de s’installer, de le positionner, dans ce qu’elle voit faire à bébé, dans ce qu’elle sait qu’elle peut accepter ou non.

Je terminerai avec un petit coup de… colère. Il m’est arrivée d’accompagner des femmes qui évaluaient leur douleur lors de la toute première tétée de leur bébé à… 8 ou 9 ! Et elles l’ont entendu LA petite phrase citée plus haut. J’ai été là pour « ramasser la casse ». Pour certaines, les aider à sevrer parce qu’après 3 semaines à ce régime là (3 semaines, vous vous rendez compte ? A raison de 8 à 12 tétées par 24 h… C’est odieux !) même si l’on voit ensemble ce qui peut être mis en place (bien souvent un meilleur positionnement de la bouche de bébé sur le sein) elles n’ont plus l’énergie de se battre et c’est complètement humain ! Nous n’avons pas à nous sacrifier pour nos enfants et à serrer les dents en attendant que cela passe. Oui, je suis triste pour toutes ces mamans qui n’auront pas pu vivre ce qu’elles voulaient. Pour toutes celles qui ont abandonné vite et puis qui ont puisé en elles suffisamment d’énergie pour se lancer dans une relactation, pour tout recommencer à zéro. Pour toutes celles qui n’essaieront même pas d’allaiter, parce que leurs copines, mères, sœurs, voisines, cousines leur ont tellement dit que l’allaitement ça faisait horriblement mal. Pour tous ces bébés qui boiront peu (et dans de mauvaises conditions) ou jamais du lait de leur maman.

Alors que peut-être, sans doute, une présence, un soutien adéquat, une écoute non minutée dans les toutes premières heures de rencontre avec bébé aurait pu faire toute la différence…

Tout ce qu’il est impossible de faire avec l’allaitement…

Et que bien entendu de nombreuses femmes font quand même ! ! !  

Pourquoi y arrivent-elles ? Peut-être juste parce que, féminisons la phrase de Mark Twain, « elles ne savaient pas que c’étaient impossible alors elles l’ont fait ». Peut-être parce qu’elles avaient conscience du départ que possible n’a jamais été synonyme de facile. Peut-être aussi parce qu’elles ont essayé et que ça a tout de suite fonctionné pour elles. Peut-être encore parce qu’elles et leur compagnon avaient une confiance inébranlable dans leur capacité à mener à bien leur tâche. Peut-être enfin parce qu’elles ont été soutenues et accompagnées au moment même où elles en avaient besoin.

Quoiqu’il en soit, le résultat est là : elles ont réussi à faire ce qu’elles souhaitaient pour l’allaitement de leur enfant malgré (ou grâce à ?) toutes les petites phrases décourageantes qu’elles ont pu entendre. Moi, je leur dis « chapeau ! », elles assurent vraiment ! Comme d’ailleurs tous les nouveaux parents à qui l’on assène sans compter des conseils et diktats de tout ordre dès l’annonce de la présence de bébé dans le ventre de sa maman. Bon sang mais fichons leur la paix ! ! ! Partager son expérience n’a jamais voulu dire qu’il fallait à tout prix suivre le même chemin, faire ci et ça et surtout pas à l’inverse ça et ci ! Je m’égare là…

SensRouge

Je reviens donc à mes moutons ; allons-y pour une liste « à la Prévert » de ces impossibilités qui n’en sont pas, en matière d’allaitement, des plus courantes, aux plus méconnues :

  • Nourrir son bébé exclusivement de son lait, et ce même quand il fait chaud ;
  • Reprendre le travail  et continuer à allaiter ;
  • Tomber malade et se soigner tout en poursuivant l’allaitement ;
  • Manger au restaurant ;
  • Manger du chou ;
  • Avoir une vie sexuelle épanouissante ;
  • Faire du sport ;
  • Allaiter des jumeaux ;
  • Avoir (parfois) de bonnes nuits (= plus de 5h de suite) comme tout parent de tout-petit allaité ou non ;
  • Donner son lait autrement qu’au sein ;
  • S’occuper des enfants plus grands ;
  • Aller chez le coiffeur, au cinéma, se balader dans la rue, visiter un musée, bref avoir une vie sociale et culturelle « normale » en tout cas, celle qui nous convient ;
  • Nourrir de son lait un bébé de plus de 6 mois, voire un bambin ;
  • Remettre un bébé au sein et l’allaiter exclusivement après qu’il a eu des biberons pendant plusieurs semaines ;
  • Allaiter un plus « grand » alors que l’on est enceinte et continuer si le cœur nous en dit après la naissance ;
  • Etc, etc, etc…

Je suis certaine que j’en oublie énormément. Aussi n’hésitez pas à allonger la liste et surtout : continuons à parler allaitement pour que ce geste si simple redevienne des plus banals pour tous.

Et si on parlait allaitement à la radio ?

Aujourd’hui, je vais vous parler d’allaitement « pour de vrai » : RCF Tarn m’a donné l’opportunité de m’exprimer sur le sujet et j’y suis allée avec beaucoup de plaisir. J’ai découvert un monde qui m’était totalement inconnu de ce côté-là des coulisses et pour, en plus, parler de mon sujet favori : le bonheur total !

rcf

Je vous propose ci-dessous les liens vers les émissions « Incroyables aliments » qui ont été diffusées en avril, mai et juin de cette année. Il vous suffit de cliquer sur la date de celle qui peut vous intéresser. D’accord, cela vous prendra davantage que 2 minutes de lecture (chaque émission dure 10mn) mais rien ne vous empêche de continuer à « surfer », préparer le dîner, régler les dernières factures ou câliner un petit, tout en prêtant une oreille (attentive ;)) à mes propos que j’espère intéressants. Bien sûr, je vous invite à y revenir en plusieurs fois…

Merci pour votre attention !

Emission du 21 avril 2015 Les thèmes abordés :

  • Qu’est qu’une consultante en lactation IBCLC ?
  • Où en est-on en matière d’allaitement en France ?
  • S’informer avant la naissance : les différentes ressources

Emission du 19 mai 2015 – Les thèmes abordés :

  • Qu’est-ce qu’une consultation en allaitement ?
  • La place du papa dans l’allaitement
  • Allaitement et santé publique

Emission du 23 juin 2015 – Les thèmes abordés :

  • L’exposition et le livre « A chacune son chemin pour un allaitement paisible », la SMAM
  • Allaitement et reprise du travail

Etre bien accompagnée, qu’est-ce que ça veut dire ?

Evidemment, en matière d’allaitement, il devrait y avoir autant d’accompagnements différents qu’il y a de femmes, de parents.

Il y aura celles et ceux qui n’auront besoin de rien ni de personne, prenant une chose, un jour,  après l’autre, se soutenant mutuellement, serrant les dents parfois, et menant, cahin-caha, leur bonhomme de chemin. D’autres  voudront prouver à la terre entière (conjoint et proches inclus) qu’elles sont capables de s’en sortir très bien toute seule et que, quoiqu’il arrive, cela marchera parce qu’il le faut. D’autres encore  auront juste envie d’être rassurées dans ce qu’elles entreprennent et se rendront vite compte qu’elles s’en sortent vraiment bien. D’autres enfin auront besoin d’être très entourées car rien ne se passe comme elles l’avaient imaginé et elles sont désemparées.

flyer

Quand on accompagne l’allaitement, ce n’est donc pas toujours facile de trouver la juste distance, ni trop, ni trop peu. C’est peut-être cela qui rend si difficile l’approche de l’allaitement : certes,  il y a des règles de base à connaître mais, au final, rien n’est gravé dans le marbre ; rien n’est clair, net et précis ; rien n’est vraiment scientifique, mesurable, quantifiable… J’aime à dire qu’il ne s’agit pas d’une science exacte (ni d’une science tout court d’ailleurs) et que, quand problème il y a, c’est ensemble, avec les parents, que nous menons l’enquête, que nous cherchons des pistes pour améliorer les choses. Parfois, on peut tâtonner avant de trouver la solution, parfois aussi le temps devient un allié puisqu’il permet que les choses s’installent d’elles-mêmes, et seule la présence empathique de l’accompagnant  fera la différence.

Alors, quand on cherche à être accompagnée, comment faire pour trouver ce qui nous conviendra ? Je ne le dirai jamais assez : avant tout S’INFORMER, auprès de sources fiables. Je risque de ne pas être très objective en citant celles-ci, mais une fois encore je revendique ma subjectivité.

  • Les associations de soutiens de mères à mères. Elles sont d’une richesse informative et humaine incroyable. Qu’il s’agisse de soutien virtuel (de nombreux sites et groupes Facebook sont très actifs), direct (par le biais de réunions mensuelles ou par des permanences téléphoniques) ou par leurs bibliographies étoffées, elles ont dans mon cœur une place toute particulière. C’est une véritable chaîne humaine (bien souvent féminine évidemment même si le père à toute sa place) qui s’est mis en place depuis de nombreuses années. On y prend ce qui nous plait, on laisse de côté ce qui ne nous convient pas, et peu à peu on construit son propre modèle d’allaitement. Pour n’en nommer que quelques-unes en France : www.lalecheleague.fr, www.lllfrance.org, www.solidarilait.com etc… Souvent elles sont décriées, malmenées, critiquées : les femmes qui les font vivre défendent l’allaitement, on ne peut pas leur demander d’être dans la mesure… Plus qu’extrémistes, je pense qu’elles sont (que je suis ;)) extrêmement passionnées (je signe et je persiste sur cette affirmation) ! Le site de la Cofam (Coordination Française de l’Allaitement maternel http://www.coordination-allaitement.org/) recense grand nombre d’elles et peut vous aider à en trouver une proche de chez vous.
  • Les consultants en lactation IBCLC ( www.consultant-lactation.org), métier méconnu en France. Il en existe en libéral, en PMI, en structure hospitalière (mais souvent on ne donne pas à ces derniers la possibilité de travailler correctement avec les mères). Cet agrément doit être recertifié tous les 5 ans pour être validé, soit par formation continue, soit en repassant l’examen. En Amérique du Nord, notamment, un véritable partenariat s’est installé entre ces professionnels et le corps médical, pour le plus grand bien des mères et de leurs bébés.
  • Enfin, parmi les professionnels de santé, exclusivement ceux qui se sont formés et se forment régulièrement à l’allaitement : sages-femmes, médecins généralistes, pédiatres. Pour les connaître ? Le bouche à oreille avant tout ; ensuite un petit truc visuel auquel prêter attention : la couleur du soutien se découvre dès l’entrée dans la salle d’attente ou le cabinet ; présence ou non d’affiches et de lectures sur l’allaitement maternel, présence ou non de sous-main, porte-crayons ou calendrier à l’effigie de marques de laits artificiels mais aussi possibilité ou non de donner à téter à bébé pendant l’acte médical, possibilité ou non de donner à téter dans la salle d’attente (si si c’est du vécu : une maman que je connais s’est retrouvée, après la consultation, avec son bébé dans un petit cagibi où se trouvaient les fournitures ;( ).

Finalement, le plus important c’est de se sentir en confiance avec les personnes qui nous entourent dans cette aventure, peu importe leur fonction et leur titre. En ayant toutefois auparavant fait un tri des informations qui relèvent du mythe et de celles qui sont réalité : des mythes peuvent malheureusement aussi être véhiculés par les personnes les mieux intentionnées du monde… Pour cela, pas besoin de multiplier les lectures : un ou deux livres complémentaires peuvent suffire en première approche. Pour ma part je conseille « L’allaitement malin » de Véronique Darmangeat, IBCLC collection Quotidien Malin et « L’allaitement comprendre et réussir » du Dr Jack Newman et  deTeresa Pitman.

Et pour vous : quel a été le meilleur accompagnement ?