Pour les mamans qui donnent le biberon

bébébiberon

Surprenant, étrange, bizarre, dérangeant… employer le mot biberon dès mon deuxième article, sur un blog consacré exclusivement à l’allaitement ! Et en plus m’adresser à des femmes qui n’allaitent pas ! Vraiment du grand n’importe quoi non ? Je ne trouve pas. Mon désir secret (qui ne l’est plus trop dès à présent) c’est de parler allaitement à toutes les femmes (en fait… aussi aux hommes…). C’est aussi de ne pas alimenter la « bataille » pro biberon vs pro allaitement. Entendons-nous bien : je refuse également de faire du « politiquement » correct. Il n’y a pas à être « pour » ou « contre » l’allaitement : le lait maternel est l’aliment normal du nourrisson. Il est sûrement davantage question d’avoir envie, ou pas envie d’allaiter. Et de pouvoir faire un choix véritablement éclairé, muni d’informations objectives et validées scientifiquement. Je pense tout autant à  ces femmes qui se sont battues pour allaiter et qui n’y sont pas parvenu, en raison d’un manque total d’accompagnement adéquat, ou bien encore parce qu’elles ou leur bébé rencontrent une difficulté physiologique avérée (cas plus qu’extrêmement rare). Elles peuvent toutes, malgré ou grâce à leur histoire individuelle, devenir de précieux relais d’information sur l’allaitement pour tous ceux qui les entourent.

Alors, j’ai envie de m’adresser à l’ensemble de ces mamans qui donnent le biberon pour leur présenter ce qu’elles peuvent s’attendre à lire ici et ce qu’elles ne trouveront jamais sur ce blog. Et de ce fait, peut-être leur donner malgré tout envie de me lire, pourquoi pas aussi envie de partager ce qu’elles liront : ambitieuse la fille, voire présomptueuse… Sans doute, mais qui ne tente rien n’a rien.

Voici donc ce que vous ne lirez jamais ici :

  • L’expression « lait maternisé » – le code international de commercialisation des substituts de lait maternel, ratifié par la France, demande à ce que ce terme ne soit pas utilisé (art. 9.2). J’emploierai donc si besoin « lait artificiel » ou « préparation lactée pour nourrisson » ;
  • « Le lait artificiel est équivalent au lait maternel pour le bébé »– ce serait tromper le lecteur que d’affirmer ceci ou tout autre parole signifiant la même chose ; il me semble que chacun est suffisamment responsable pour comprendre que c’est loin d’être le cas ;
  • « Mieux vaut donner un biberon avec amour que le sein avec difficulté – dégoût – ou autre » – D’abord être bien informée et bien accompagnée permet d’y voir plus clair avant la naissance comme dans les premiers jours de bébé sur ses sentiments, comme sur ses envies. Ensuite si on ne veut / peut pas donner le sein, on peut toujours trouver un moyen de donner son lait, même si je le reconnais ce n’est pas forcément le plus simple. Enfin, cette phrase est  un pâle moyen de vous déculpabiliser, comme si vous n’étiez pas assez grande pour vous servir vous-même ce qui peut vous faire du bien.
  • Des propos malveillants, critiques et jugeant à votre égard : si jamais vous en trouvez n’hésitez pas à réagir ! Cependant, il reste possible que certains de mes propos atteignent une blessure plus ou moins profondément enfouie en vous et vous donnent envie de me mordre. Déjà, si la morsure reste virtuelle, c’est plutôt un bon point. Ensuite, respirez un bon coup (je me méfie de plus en plus de mes propres réactions instantanées sur le net…) et échangeons le plus paisiblement possible : notre discussion me permettra peut-être d’alimenter un prochain article.

Vous pourrez  en revanche trouver ceci :

  • « Le lait de vache c’est pour les veaux » – Désolée, j’aime bien employer cette phrase et loin, très loin de moi l’idée de vouloir ainsi vous blesser. Evidemment ce n’est pas du poison : je suis un pur produit de lait de vache et je ne m’en sors pas trop mal pour le moment ! (j’aurais toutefois préféré qu’il en soit autrement…) Heureusement que les substituts de lait maternel existent, ce qui n’empêche pas qu’ils ne sont pas la norme biologique de notre espèce. Ils ne devraient donc pas être donnés en première intention. S’ils le sont, ce doit être en toute connaissance de cause, voire pour une réelle bonne cause.
  • Des informations distillées par ci, par là pour combattre (et là, oui je souhaite participer activement à la bataille !) les idées reçues et les mythes innombrables qui s’accrochent telles des tiques tenaces à l’allaitement.

Je dois sûrement en oublier mais j’aurai le temps d’y revenir. Une chose est certaine : vous êtes la plus merveilleuse maman qui soit pour votre enfant, quel que soit son mode d’alimentation. Je n’ai absolument aucun doute là-dessus, et il n’y a évidemment aucun doute à avoir.

8 commentaires sur “Pour les mamans qui donnent le biberon

  1. Hello!
    Vous parlez de « difficultés physiologiques avérées » comme quelque chose d’extrêmement rare. Je me questionne sur la rareté étant donné le nombre de témoignages que j’entends.
    Bébé a eu 3 mois hier et nous fêtons nos 3 mois d’allaitement qui ont été « lourd » d’histoire. Après 2 mois douloureux voire très douloureux, une pédiatre qui explique « normal que ça fasse mal » (heureusement je savais que c’était des salades), un entourage peu informé (« Oh mais un mois c’est suffisant. Tu es trop fatiguée tu lui fais du mal? Etc), une séance d’ostéo, une conseillère en lactation m’a annoncé que la mâchoire de Petit’bout était bloquée et qu’il pinçait. Information qui collait parfaitement avec les dires de mon ostéo favori! Deux semaines plus tard, des petites modifications, et deux nouvelles séances d’ostéo, quelques exercices de tirages de langues devant Petit’bout, ça va mieux mais ça pince encore régulièrement. Il me semble qu’on peut préciser que l’allaitement est une aventure, un apprentissage, que ce n’est pas inné et que la participation du papa est plus que nécessaire!!!

    Et surtout: oui c’est une question d’envie!!!
    Autour de moi j’entends des témoignages assez similaires. Beaucoup me disent dans une premier temps qu’elles n’avaient pas de lait pour finalement me dire qu’elles n’avaient pas l’envie. Une belle preuve de la pression qu’on peut ressentir quand on ne souhaite pas allaiter. Et je croise plus rarement des mamans qui me disent qu’elles ne le souhaitaient tout simplement pas.
    Dans tous les cas, il faut s’accrocher car les réflexions fusent, pas le soutien! Et oui souvent tout le monde manque d’informations essentielles sur l’intérêt et le fonctionnement de l’allaitement (« Oh il a beaucoup grossi, il va lui falloir des biberons de complément! » Non non…). Enfin, allaiter occupe beaucoup alors pour souffler (oui c’est « autorisé » d’avoir envie de 8h de sommeil ou de manger un bout avec sa copine) un biberon c’est pratique! Et pourtant je reste d’accord: Le lait de vache est pour le veau 😆. Merci de vos articles!

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    1. Merci pour votre commentaire. Je ne parle pas de la rareté des difficultés du départ, qui si elles sont prises en compte dès les premières heures peuvent être rapidement solutionnées ou en tout cas mieux comprises et accompagnées : non, il n’est pas « normal » de souffrir quand on allaite ; on ne doit pas accepter la douleur mais en chercher la cause très vite afin de vivre une relation d’allaitement apaisée : bravo pour votre parcours et votre ténacité. Quand je parle de « difficultés physiologiques avérées » il s’agit de celles qui entraînent une réelle impossibilité d’allaiter ou de téter et celles-ci sont effectivement très rares. Maintenant il y a pour moi dans votre commentaire beaucoup d’idées que je souhaiterais développer dans de prochains articles (la place du papa, les « pressions reçues d’un côté comme de l’autre (ou vécues comme telles), etc. A suivre donc !

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  2. En fait vous dites Biberon pour lait artificiel ?
    J’ai une pensée pour les Mamans tire-allaitantes qui doivent utiliser cet outil pratique pour donner leur lait. 🙂

    Depuis que l’univers de l’allaitement c’est invité dans ma tête, beaucoup de questions et d’incompréhensions sont arrivées. La guerre pour ou contre l’allaitement (idiot !), l’exclusion du père, soit disante absence de pudeur, … Bref ! Ça bouillonne !
    Votre approche est assez juste et m’apporte des réponses. Notamment sur les blessures qui font que c’est un sujet sensible.

    J’ai pensé à votre article en voyant le « spot » sur m6 : Pourquoi Bébé : l’allaitement. Proposer par Milumel…
    Si vous avez l’occasion de le voir. Je veux bien votre avis. 🙂

    Bonne nuit à tous !

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    1. Je ne connais pas ce spot, mais vous avez raison, les tire-allaitantes utilisent aussi le biberon et j’aurais du en tenir compte. D’accord aussi pour être contre la guerre totalement stérile entre allaitement et biberon. Je pars à la recherche du spot. Merci !

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