« Etre » plutôt que « faire »

Pas très clair mon titre… Ce n’est pas très clair dans ma tête non plus en fait aujourd’hui. Ce que j’ai lu ou relu ces derniers temps, les réactions des uns et des autres sur mon précédent billet, les attitudes de chacun face à l’allaitement, tout cela fait un réel brouhaha dans mon esprit et j’ai du mal à débrouiller ce que cela m’inspire.

On m’a fait la remarque que j’étais partiale (gentiment d’ailleurs, en signalant que c’était somme toute normal sur un blog parlant d’allaitement, ouf !) ce que je revendique totalement. Et puis j’ai lu et entendu des avis si tranchés d’un « côté » comme de « l’autre » : « il y a de la pression sur les femmes qui ne veulent pas allaiter » ; « certaines allaitantes sont parfois plus « dangereuses »(sic)  que des professionnels de santé mal informés » ; « j’ai souffert pour bébé 1 et les sages-femmes me mettaient la pression pour allaiter, alors pour bébé 2 ce ne sera que le colostrum et le biberon après » ; « on fait plus culpabiliser les allaitantes que les » biberonnantes » »… Toutes ces phrases m’attristent. Pourquoi est-on obligé de se battre en permanence sur ce sujet ?

tia

Cela m’a replongée à mes débuts de maman (très anciens… 16 ans…) et à ceux d’animatrice LLL (l’association La Leche League pour ceux qui ne connaissent pas, quand même 9 ans bientôt…), comment étais-je ? Comment parlais-je d’allaitement ? Oui, j’étais moi aussi très tranchée, en tout cas auprès de mon entourage familial : je suis tombée dans l’allaitement comme Obélix dans la potion magique et j’étais la seule à allaiter à l’époque ; il me fallait donc à tout prix résister encore et toujours à l’envahisseur ! Je ne pouvais aborder la question sans être dans la revendication voire la colère, pire l’agressivité (une grande spécialité pour moi, mais ce n’est pas la question ici…). La formation LLL  m’a grandement aidée à apporter de la nuance dans ma façon d’aborder l’allaitement : je n’avais ni le pouvoir, ni le devoir de « sauver » les allaitements de la terre entière.

J’ouvre une parenthèse : est-ce que ceux qui critiquent facilement cette association, LLL, chaîne humaine féminine, créée depuis de nombreuses années et qui perdure dans le temps, savent que le point de départ de toute animatrice est le suivant  : « nous sommes là pour vous aider dans votre allaitement, que vous souhaitiez allaiter 3 jours, 3 semaines, 3 mois ou 3 ans » ? Bien sûr, chaque animatrice est différente ; bien sûr certaines sont, non extrémistes, mais plutôt extrêmement passionnées ;  bien sûr enfin, quand on est dans une association qui parle d’allaitement, comme sur un blog qui parle d’allaitement, on défend l’allaitement ! ! ! Personne ne trouverait à redire que je défende corps et âme la cause des pélicans bleus d’Amérique du Sud si je donnais mon temps bénévolement à une association de défense des pélicans bleus d’Amérique du Sud !

Ceci étant dit, revenons à nos moutons : la formation LLL, donc ; les femmes que j’ai rencontrées lors de groupes de parole, chacune avec leur histoire, leurs envies, leurs soucis ; ce que la vie m’a apporté en tant que femme, mère, professionnelle ; les années aussi, qui commencent à laisser sur leur passage quelques cheveux blancs et rides ;  tout cela m’a donné envie d’essayer d’Etre plutôt que Faire. Pour moi, il devient de plus en plus important d’Etre ce qui me semble juste plutôt que d’agir et de m’agiter en tous sens en brandissant un drapeau rouge.

Ceci n’empêche pas que j’ai un « noeud » au  ventre à chaque fois que je vois un tout petit au biberon. Je suis toutefois de plus en plus persuadée que ce n’est pas en arrivant avec mes gros sabots et en parlant allaitement à tort et à travers  que je ferai avancer cette cause qui me tient tant à cœur.

Accompagner les femmes vers l’allaitement n’inclus en aucun cas la culpabilisation, mais avant tout l’information. A plusieurs reprises, lors de réunions de soutien à l’allaitement, il est arrivé qu’une mère m’interroge sur le sevrage qu’elle souhaitait initier pour son petit de 4 ou 6 mois. Evidemment, je réponds à son interrogation ; d’autres femmes présentes l’interpellent, l’interroge sur ce sevrage qu’elles jugent précoces, ne comprennent pas sa position. Même si moi aussi je ne comprends pas forcément, je les invite à respecter ce questionnement sans plus insister sur le sujet. Le sevrage souhaité intervient parfois au moment où ces femmes en auront eu envie ; elles deviennent alors d’excellentes ambassadrices de l’allaitement : elles auront été entendues et écoutées dans leur demande, qui sait si le prochain enfant ne sera pas allaité plus longtemps ? Parfois encore, il y a de belles surprises : bébé continue à téter plus longtemps que sa maman ne l’avait envisagé initialement ; ces mères aussi auront été accueillies dans ce qu’elles ressentaient ; elles auront su qu’il était possible de faire comme elles en avaient envie et elles suivront alors ce qui leur semblera juste pour elle et leur enfant.

Etre, pour moi, cela ne signifie pas rester passive à attendre que les choses se tassent. C’est dire, partager, échanger, être présente dès qu’il est question d’allaitement. Tranquillement, mais sûrement, je tente de tracer mon chemin, sans chercher à convaincre ou à culpabiliser qui que ce soit. Seulement en écoutant, accueillant, informant, respectant, soutenant. Sans monter au front, batailler, ferrailler, agresser. En étant là, juste là, mais, vraiment, là.  Tout un programme qui va me demander encore de longues années d’apprentissage…

 

6 commentaires sur “ « Etre » plutôt que « faire »

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