« Je vais allaiter… si j’peux »

Durant 3 journées passées au salon Baby de Toulouse (soit dit en passant, « haut lieu du non-allaitement » 😉 ), voici ce que j’ai le plus souvent entendu. Ou comment, dès le début de leur histoire de maman, les jeunes femmes doutent de leur capacité à nourrir leur bébé.

Rien de franchement étonnant à cela.

Pas ou peu de transmission entre générations, une information prénatale hétéroclite, voire inexistante (de peur de « culpabilisation ») pour faire un choix véritablement éclairé, un soutien tout autant disparate, une société dans son ensemble plus encline à la «frileuse neutralité» plutôt qu’à l’information, des rumeurs sans fondement qui continuent à courir, courir, sans perdre haleine un seul instant et, « last but not least », un marketing, voire un lobbying, omniprésent des grandes firmes fabriquant du lait artificiel.

Nous avons tous totalement oublié que l’aliment premier de l’espèce humaine était celui produit par la mère du petit humain. L’amnésie est telle, sous prétexte de « liberté », que de nombreux parents ne réalisent même plus que la grande majorité des substituts d’alimentation pour nourrissons sont fabriqués à partir de lait de vache (véridique : la question m’a été posée la semaine dernière encore…)

Regardez ce que l’on propose à ces jeunes femmes qui doutent :

Rien de mieux, mesdames, pour vous conforter dans l’idée que votre corps est incapable de fournir ce qui est bon pour votre bébé ; ou qu’en tout cas, il a besoin d’être « boosté » sérieusement pour y parvenir.

Alors je vous propose de revenir à beaucoup plus de simplicité afin d’avoir suffisamment de lait :

1/ veiller à ce que bébé tète efficacement en moyenne 8 à 12 fois par 24h. ;
2/ s’alimenter « correctement », de la même manière que pendant la grossesse, ni plus, ni moins tant en quantité qu’en qualité ;
3/ boire à sa soif, ni plus, ni moins…
4/ avoir une confiance inébranlable (la vôtre et celle de votre compagnon) en vos capacités à répondre totalement aux besoins de votre tout petit.

En conclusion nul besoin de vous gaver de soit-disantes « potions magiques » sensées « favoriser naturellement » la lactation ! ! !

Je pense que vous percevez mon agacement aujourd’hui. Tellement l’impression parfois de me battre, tel Don Quichotte, contre des moulins à vent… Une petite touche de douceur pour finir ? (Quoique…)
Voici le coin allaitement que j’avais installé sur mon stand lors de l’événement mémorable dont je parlais au début de ce texte :

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Mignon ? Cosy ? Trop petit ? Ben oui, pas de réel « espace bébé » tout cocooning, tout en douceur, tout en accueil, pour bébés au sein ou au biberon, que mes collègues consultantes en lactation et moi avions proposé d’aménager (gracieusement) aux organisateurs. Et pourtant il y avait de la place.

Cela ne devait pas suffisamment rapporter d’espèces sonnantes et trébuchantes… En tout cas mon fauteuil a fait plusieurs heureux.

Allez, promis, je continue à rêver malgré tout…

 

4 commentaires sur “« Je vais allaiter… si j’peux »

  1. C’est tout à fait ça. Autour de moi, seule une maman allaite et je vais chercher les informations auprès d’elle. Et je m’estime déjà chanceuse. Je fais le choix d’allaiter et souvent on me dit « ohlala tu verras c’est pas facile, tu vas être fatiguée, puis il va faire ses nuits moins vite et tu auras mal aux seins, puis c’est pas dit que tu y arrives ». J’en suis à mon dernier trimestre et j’appréhende déjà. Je trouve que la grossesse est suffisamment difficile niveau culpabilisation pour en rajouter une couche sur un choix que la future maman fait en son âme et conscience.
    D’un autre côté c’est complétement schizophrène, on nous encourage à allaiter, mais le congés maternité est trop court – et même avec le congés parental quand on y a droit c’est chaud. On nous encourage à allaiter mais on nous dit qu’on en sera pas capable. On nous encourage à allaiter et on essaie de nous vendre plein de trucs pour « faciliter » et ça a l’air complétement hors de portée tant il y a de trucs pour nous rappeler en fait qu’on est des petites filles gentiment idéalistes.

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    1. Merci de partager votre ressenti : malheureusement c’est trop souvent ça… Les associations de soutien de mères à mères, mes collègues et moi, consultantes en lactation IBCLC, les professionnels de santé véritablement formés à l’allaitement maternel, font leur possible pour changer la tendance mais sans cesse il nous faut recommencer. Alors oui, avoir une femme allaitante soutenante dans son entourage est aussi une richesse incomparable ! Belle continuation à vous et… belle rencontre !

      Aimé par 1 personne

      1. Merci beaucoup! Je prends note des associations de soutien et des consultations en lactation, grâce à vous je sais que ça existe et si c’est possible d’en avoir près de chez moi, je ne compte pas m’en priver!

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