« Demain… je le laisse…»

Après, au pire, quelques semaines, au mieux quelques mois, maman et bébé suivent des chemins séparés durant plusieurs heures par jour. Je suis toujours impressionnée par la détermination de ces femmes, à qui ont ne facilite pas forcément la tâche, qui décident de poursuivre leur allaitement à la reprise du travail.

J’ai aussi envie de dire à toutes celles qui pensent  a priori  que ce n’est pas possible pour elles, qu’il y a plein de façons différentes d’allaiter tout en travaillant. Tout dépendra de l’âge de bébé à la reprise, de l’envie ou la non-envie de maman d’exprimer son lait, de la durée de la séparation, enfin, et surtout, de ce que chacune souhaite vivre à ce moment-là, avec cet enfant-là.

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Salle d’allaitement d’Airbus Toulouse : un lieu d’intense activité…

 

Certaines vont tirer leur lait et le confier à la personne qui accueille leur tout-petit pour qu’il continue d’en bénéficier ; d’autres vont décider de donner du lait artificiel en leur absence et proposer leur lait à la source sans restriction, de jour comme de nuit, week-end compris, dès qu’elles seront avec bébé (condition qui peut être indispensable pour que la lactation se maintienne correctement, un minimum de 3 stimulations par 24h. étant nécessaire) ; d’autres encore vont trouver toutes les solutions possibles pour que la reprise soit plus tardive, même si les conditions économiques ne sont pas faciles, afin que bébé soit plus grand le moment venu ; d’autres enfin, vont s’acheminer vers un sevrage en douceur, diminuant peu à peu les tétées.

C’est pour cela qu’il est important de « préparer » la reprise du travail. Bien trop souvent, dans l’inconscient collectif, « préparer la reprise du travail » = « faire prendre un biberon à bébé ». A mon sens, ceci est loin d’être la priorité, même si cela peut faire partie des questions à se poser. D’abord parce que bébé saura très bien qu’à la maison c’est d’une manière et qu’à la crèche ou avec nounou c’est d’une autre. Et puis s’il n’en veut décidément pas le biberon n’est pas une obligation, on trouvera une autre solution. Ensuite, parce que cela peut engendrer du stress à la fois chez les parents, le bébé et la ou les personnes qui l’accueilleront (autant profiter du moment présent avec bébé pour l’allaiter sans se poser de question…). Enfin, parce qu’il y a tant d’autres choses à envisager, pêle-mêle : allongement possible du congé maternité ? Poursuite d’un allaitement exclusif ou mise en place d’une alimentation mixte ? Tirer son lait avec un tire-lait ? Lequel ? Dans quelles conditions ? Aménagement des horaires de travail ? Quelle connaissance la nounou ou la crèche ont de l’allaitement ? Effectivement, quand même, comment lui donner le lait ? Etc, etc…

Alors oui, préparer son retour au travail en faisant une liste de ce qui nous conviendrait à nous, en s’informant auprès d’autres femmes qui ont vécu ce passage (le blog « A tire d’ailes », blog des femmes qui allaitent et travaillent, de ma collègue Véronique Darmangeat est une ressource richissime ; des réunions de soutien à l’allaitement le sont également), en se documentant, en dialoguant avec papa et nounou, bref en cherchant des pistes. Sans oublier, encore et toujours, de vérifier que l’information que l’on nous transmet n’est pas de l’ordre de la rumeur infondée mais bel est bien un élément valide et validé. L’allaitement est loin d’être une science exacte, deux belles inconnues s’y rencontrent : une femme et son enfant. Deux individualités qui, depuis qu’elles se sont prises dans les bras, apprennent à vivre ensemble, s’apprivoisent peu à peu. La reprise du travail est une nouvelle étape de découverte, qui va peut-être se passer sans aucun souci ; qui va peut-être donner lieu à des doutes et des hésitations, des ajustements nécessaires, des allers et des retours en arrière ; étape qui va, à coup sûr, faire grandir tout le monde.

Une de mes amies, animatrice à La Leche League, m’a récemment raconté comment, il y a une quinzaine d’années, alors qu’elle installait une exposition sur l’allaitement dans un hôpital parisien, une pédiatre l’avait verbalement (et violemment) agressée, lui disant en substance qu’elle pouvait dire ce qu’elle voulait sur l’allaitement mais que « ça » c’était de la foutaise, que c’était entretenir les femmes dans un mensonge, qu’il fallait immédiatement qu’elle enlève ses affiches sur le sujet. «Ça» c’était « Allaiter et travailler, c’est possible »… Depuis, un long chemin a été parcouru, pas forcément dans les textes de loi (cf texte de V. Darmangeat sur la question) mais dans l’esprit des femmes : oui, elles savent que c’est possible ; elles savent aussi qu’il va parfois falloir qu’elles s’imposent. Il reste encore beaucoup à faire en la matière pour continuer à faire avancer les choses, à faire bouger les mentalités et évoluer les pratiques : nous sommes chacune l’un des maillons de la chaîne, agissons chacune à notre niveau.

Je continue à rêver…

« Je vais allaiter… si j’peux »

Durant 3 journées passées au salon Baby de Toulouse (soit dit en passant, « haut lieu du non-allaitement » 😉 ), voici ce que j’ai le plus souvent entendu. Ou comment, dès le début de leur histoire de maman, les jeunes femmes doutent de leur capacité à nourrir leur bébé.

Rien de franchement étonnant à cela.

Pas ou peu de transmission entre générations, une information prénatale hétéroclite, voire inexistante (de peur de « culpabilisation ») pour faire un choix véritablement éclairé, un soutien tout autant disparate, une société dans son ensemble plus encline à la «frileuse neutralité» plutôt qu’à l’information, des rumeurs sans fondement qui continuent à courir, courir, sans perdre haleine un seul instant et, « last but not least », un marketing, voire un lobbying, omniprésent des grandes firmes fabriquant du lait artificiel.

Nous avons tous totalement oublié que l’aliment premier de l’espèce humaine était celui produit par la mère du petit humain. L’amnésie est telle, sous prétexte de « liberté », que de nombreux parents ne réalisent même plus que la grande majorité des substituts d’alimentation pour nourrissons sont fabriqués à partir de lait de vache (véridique : la question m’a été posée la semaine dernière encore…)

Regardez ce que l’on propose à ces jeunes femmes qui doutent :

Rien de mieux, mesdames, pour vous conforter dans l’idée que votre corps est incapable de fournir ce qui est bon pour votre bébé ; ou qu’en tout cas, il a besoin d’être « boosté » sérieusement pour y parvenir.

Alors je vous propose de revenir à beaucoup plus de simplicité afin d’avoir suffisamment de lait :

1/ veiller à ce que bébé tète efficacement en moyenne 8 à 12 fois par 24h. ;
2/ s’alimenter « correctement », de la même manière que pendant la grossesse, ni plus, ni moins tant en quantité qu’en qualité ;
3/ boire à sa soif, ni plus, ni moins…
4/ avoir une confiance inébranlable (la vôtre et celle de votre compagnon) en vos capacités à répondre totalement aux besoins de votre tout petit.

En conclusion nul besoin de vous gaver de soit-disantes « potions magiques » sensées « favoriser naturellement » la lactation ! ! !

Je pense que vous percevez mon agacement aujourd’hui. Tellement l’impression parfois de me battre, tel Don Quichotte, contre des moulins à vent… Une petite touche de douceur pour finir ? (Quoique…)
Voici le coin allaitement que j’avais installé sur mon stand lors de l’événement mémorable dont je parlais au début de ce texte :

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Mignon ? Cosy ? Trop petit ? Ben oui, pas de réel « espace bébé » tout cocooning, tout en douceur, tout en accueil, pour bébés au sein ou au biberon, que mes collègues consultantes en lactation et moi avions proposé d’aménager (gracieusement) aux organisateurs. Et pourtant il y avait de la place.

Cela ne devait pas suffisamment rapporter d’espèces sonnantes et trébuchantes… En tout cas mon fauteuil a fait plusieurs heureux.

Allez, promis, je continue à rêver malgré tout…

 

Parler d’allaitement ou « l’art de marcher sur des œufs »

Quel opportunisme allez-vous me dire en lisant ce titre : publier un tel article aux lendemains de Pâques… Que vous le croyez ou non, cela fait un moment qu’il me trotte dans la tête et que je viens juste de réaliser combien il était d’actualité.

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La semaine dernière, j’ai parlé d’allaitement à la radio, invitée par Sud Radio à une émission sur l’alimentation des enfants, à réécouter ici. Evidemment, après que j’ai émis le souhait que toutes les femmes soient informées sur l’allaitement, et non celui que toutes les femmes allaitent « forcément », est tombée la remarque fatidique « nous voilà rassurés parce que parfois les femmes qui allaitent, elles militent, elles nous font culpabiliser ». Nous y voilà. Comment parler d’allaitement sans faire culpabiliser ? Comment parler de la norme biologique d’alimentation du bébé humain sans être taxé de militantisme ? Je vous assure que cela revient vraiment à apprendre à marcher sur des œufs sans les casser…

Quel que soit l’interlocuteur et l’objet de notre rencontre, il y a toujours un moment où je me demande comment vont être perçus mes propos, si je vais réussir à travailler ou non avec cette personne, si le dialogue va être possible : élu ou responsable de médiathèque, auquel je propose d’accueillir notre exposition photo sur l’allaitement, responsable service petite enfance ou professionnel de santé à qui je présente ma profession de Consultante en lactation IBCLC, ou encore personne inconnue qui me demande quel est mon travail. Ces dernières années mon discours est, me semble-t-il, de plus en plus simple et clair : à mon sens, il n’y a pas à être pour ou contre l’allaitement qui est l’alimentation normale du nourrisson, mais plutôt à avoir envie ou pas envie d’allaiter et que cette envie ou non-envie soit basée sur des informations justes et non sur des rumeurs sans fondement. C’est sincèrement ce dont je suis convaincue.

Pourtant, parfois, c’est fatigant d’être sur une sorte de « qui vive » permanent, de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de s’exprimer. Il y a des moments, où j’aurais envie de baisser les bras, ou plutôt, non, de lever le poing… j’aurais alors envie de m’exclamer « Réveillez-vous ! A l’heure où l’on parle de mal-bouffe, de problèmes de santé aux causes environnementales multi-factorielles, d’alimentation biologique, j’en passe et des meilleures, l’allaitement maternel est une véritable question de santé publique ! Un moyen simple de changer beaucoup de choses, pour peu qu’un minimum de soutien et d’attention lui soit accordé … ».

Seulement… à l’heure actuelle, en France, si l’on parle ainsi d’allaitement on a de forte chance de voir les portes se fermer. C’est récemment ce qui m’est arrivée : lorsque la responsable d’un lieu municipal d’accueil parents-enfants m’a dit « ici nous ne sommes ni pour ni contre l’allaitement » alors que je savais que les femmes allaitantes participant à des rencontres de parents devaient s’isoler pour ne pas allaiter devant les autres ; la neutralité affichée n’avait pour moi aucun lien avec la réalité et je n’ai pu m’empêcher de remettre en cause la manière d’agir, en étant consciente que c’était une erreur « stratégique » de ma part. Résultat : plus aucune chance pour moi d’intervenir d’une manière ou d’une autre dans cette ville… jusqu’au changement de responsable 😉

Peu importe en fait. Il y a tant à faire partout. Et j’ai encore appris de cette anecdote. L’allaitement n’a pas besoin d’être « défendu », il ne mérite pas un combat, une guerre, des militants. Il mérite bien plus : il mérite d’être vécu au jour le jour, de redevenir un acte banal et quotidien. Ce qui ne veut pas dire ne rien faire, ne plus en parler. Bien au contraire. Faire ce qui doit être fait, à la place que chacune, chacun, d’entre nous occupe, comme le dit si bien ma collègue Véronique Darmangeat dans son article que vous pouvez lire ici.

Alors mesdames qui allaitez, continuez à le faire partout, en toutes circonstances, sans, surtout, vous cacher de manière pudibonde voire honteuse, mais sans non plus dévoiler votre sein dans un souhait de provocation : cela donne matière à tous ceux qui pensent qu’ils doivent combattre l’allaitement…

Vivre simplement ce qui nous semble juste, en nous coupant du regard des autres, a pour moi beaucoup plus d’efficacité que de chercher à tout prix à imposer coûte que coûte son point de vue.

Je continue à rêver…

« Tu l’allaites encore ? !!! »

Je vais approximativement citer une phrase que j’apprécie particulièrement, et dont la maternité revient au Docteur Edwige Antier, pédiatre : « En France, quand une femme allaite à la naissance c’est une bonne mère, après 3 mois c’est une héroïne, après 6 mois, il faut qu’elle aille chez le psy. » Tout est dit. Pourquoi, bon sang, ne laisse-t-on pas vivre les femmes comme bon leur semble dans ce pays ?

christel&delphine_02Il y a quelques temps de cela, lorsque j’ai posté ici mon article adressé à Madame Badinter, je me suis vue reprendre, à juste titre, sur les préconisations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) telles que je les avais formulées. J’avais écrit « jusqu’aux 2 ans de l’enfant » alors que le texte exact est « jusqu’à l’âge de 2 ans, voire au-delà en fonction du souhait des mères. »

De nombreuses femmes disent « ne pas se sentir » d’allaiter un enfant qui marche. Elles en ont totalement le droit et nul n’a à juger le chemin choisi par chacune.

La seule question que l’on peut se poser serait, est-ce vraiment un ressenti qui leur appartient, ou un interdit posé par le regard de la société française sur l’allaitement d’un « grand » enfant ? (D’ailleurs à partir de quel âge un enfant devient-il « grand » ? Quand il tient assis ? Quand il a des dents ? Quand il marche ? Quand il mange toutes sortes d’aliments ?) Cela ne dérange personne de voir un bambin qui prend son biberon au petit-déjeuner ou au goûter, ou qui se promène à longueur de journée avec sa tétine en bouche (que ce soit celle du biberon ou de la sucette). C’est peut-être là qu’est le problème : associer le sein à une tétine, la femme à un objet. C’est bien mal connaître l’allaitement de bambin. On n’allaite pas un « grand » comme on allaite un nourrisson : les besoins de l’un et de l’autre diffèrent ; l’un doit se nourrir fréquemment, l’autre est dans la découverte à la maison, à la crèche, ou à l’école… Tout en continuant  d’apporter à ce dernier des éléments nutritifs adaptés, l’allaitement devient au fil du temps, de plus en plus, une forte source de réconfort et de réassurance.

Ne le nions pas, et c’est un bienfait, un lien particulier peut unir une maman et son enfant allaité. Mais est-ce forcément de l’ordre de la fusion « castratrice », « étouffante », « nocive » dès que l’enfant grandit, comme on peut souvent l’entendre dire ? J’ai vu et ai eu ( ! ) des bambins allaités qui sont partis à l’école sans sourciller dès le 1er jour ; d’autres qui ont eu plus de mal à s’adapter à la vie en collectivité. Pareil pour des bambins qui n’étaient plus allaités. Alors, serait-ce l’allaitement long l’unique responsable de tels comportements, ou bien simplement le caractère de chaque enfant, son histoire familiale, se manière propre de vivre tout changement ?

Une chose est certaine : je n’aurais jamais imaginé allaiter « un enfant qui marchait ». Je ne me voyais pas en « open bar » vers lequel trottinait bout d’chou pour se servir à volonté. Pourtant je l’ai fait. Bien au-delà du « raisonnable »… Mais à ma manière ; avec les limites qui me correspondaient et que j’ai posées à mes enfants. C’est cela que j’aimerai voir un jour en France : que chacune fasse EXACTEMENT ce qu’elle a envie de faire, en vivant son allaitement au jour le jour, et que tous trouvent cela normal.

Je continue à rêver…

« Mon pédiatre m’a dit que…»

Vous la connaissez cette phrase au pouvoir incroyable ? Elle permet d’agir avec une grande liberté sous le regard bienveillant de votre entourage. Vous doutez ? Avec un peu d’imagination vous allez comprendre…

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  • « Mon pédiatre m’a dit que je ne prendrai jamais trop souvent mon bébé dans mes bras » ;
  • « Mon pédiatre m’a dit que mon lait était très riche et convenait à tous les besoins de mon bébé » ;
  • « Mon pédiatre m’a dit qu’il était important pour sa santé de ne pas laisser pleurer mon bébé »;
  • « Mon pédiatre m’a dit que mon bout de chou de 18 mois avait bien de la chance de continuer à recevoir du lait de sa maman » ;
  • « Mon pédiatre m’a dit que partager la chambre avec mon bébé était le mieux pour le repos de toute la famille » ;
  • « Mon pédiatre m’a dit que le lait maternel se conservait bien plus longtemps que 48H. et qu’il était préférable que vous me le rendiez au lieu de le jeter» ;
  • « Mon pédiatre m’a dit que c’était normal que mon bébé se réveille encore la nuit, que c’était physiologique» ;
  • « Mon pédiatre m’a dit que même si je ne lui donnais qu’un peu de mon lait, c’était toujours mieux que rien, que ça avait au contraire beaucoup de valeur»;

Impressionnant la façon dont cette femme ou cet homme, à la parole quasi « divine », a le don de dire exactement ce que vous pensez. C’est évidemment clair pour vous : il s’agit là d’un personnage fictif qui peut être d’un grand soutien pour continuer à agir exactement comme bon vous semble avec vos tout-petits. Cette affirmation permet quasiment systématiquement de couper court à toute remarque que vous jugez déplacée. Non, non, je ne vous invite aucunement à mentir, juste à utiliser une image pour communiquer sur vos façons d’être parent et les rendre crédibles aux yeux des autres. Oui, l’image sacrée du « pédiatre ».

Vous avez aussi la version « ma sage-femme », un peu moins convaincante, malheureusement. Pour l’heure encore, j’ai la tristesse de vous annoncer que celle « ma consultante en lactation » n’a absolument aucune valeur… un jour peut-être…

Petite question : avez-vous conscience, Mesdames et Messieurs les pédiatres du pouvoir illimité que vous détenez ? Qui dit pouvoir, dit obligation… Obligation de s’informer pour bien transmettre, obligation de passer le relais quand on ne sait pas, obligation de ne baser son discours que sur des preuves irréfutables et non sur des croyances. J’ai donné ici un pouvoir positif à cette phrase, mais que de dégâts elle peut aussi créer… J’ai le regret de le constater tous les jours.

 

« Passe le au « bibi », ce sera plus simple ! »

Ah ce fameux, « bibi », « bib », « biberon » ! Si simple et si magique… Loin de moi l’idée de vouloir alimenter la « guerre » biberon vs sein : elle est totalement stérile, inutile et infondée. Le biberon est un outil qui peut rendre de grands services et celui qui l’a inventé a plutôt eu une bonne idée. Je ne serais même pas là pour en parler s’il n’avait pas existé (heu… remarquez, je dis n’importe quoi, j’aurais alors sûrement été allaitée 😉 ) J’ai seulement envie que l’on arrête d’énoncer le plus sérieusement du monde des vérités qui n’en sont pas.

La simplicité, signifie pour moi que l’on va droit au but, que l’on ne s’embarrasse pas de contraintes en tout genre, que l’on se pose le minimum de questions pour parvenir à son objectif.

bibrieurDans un certain sens, oui, le biberon est plus simple : on achète ce qu’il faut, on suit des recommandations précises sur une quantité de lait et un nombre de repas, et roule jeunesse ! Bébé est nourri. Dans un autre… j’ai vraiment du mal à y voir quoi que ce soit de simple : acheter et donc choisir (biberons, tétines, lait en poudre), chauffer, vérifier, donner, jeter, laver, puis recommencer au repas suivant ; que des verbes d’action qui me donne le tournis.

On ne m’ôtera pas de l’idée qu’allaiter est un truc de grosse paresseuse. Donc, d’une simplicité déconcertante.

Imaginez un peu, bébé numéro 1 arrive d’ici quelques semaines, et déjà vous vous dites, « finies les grasses matinées, terminés les week-end décidés au dernier moment, les nuits tranquilles, et puis tout ce bazar dont il faut s’équiper… », bref vous voyez bien quelque part tout le côté déplaisant de la belle aventure qu’est l’accueil d’un nouveau-né. Mais bon, c’est comme ça, il faut y passer, et puis c’est tout.

Et bien non, vous pouvez aussi imaginer les choses différemment.

Certes, bébé se réveille la nuit (je rappelle juste en passant que c’est totalement PHYSIOLOGIQUE et que jusqu’au moins 4 à 5 ans un enfant n’a pas le même rythme de sommeil qu’un adulte, qu’il soit allaité ou non) mais il suffit à maman de « rouler » d’un côté ou de l’autre, d’ouvrir un œil, de rassasier bout d’chou et hop ! C’est reparti pour un tour de sommeil. Quant à papa, lui, il n’a même pas à bouger une oreille et le lendemain il sera tout frais pour prendre la relève à un moment ou un autre. Si vous n’êtes décidément pas du matin ? Même scénario que pour la nuit et même nouveau plongeon dans les bras de Morphée 1 ou 2 heures de plus, en tout cas au cours de la première année. Pour ce qui est des escapades imprévues, aucun souci, quelques couches dans un sac et c’est parti !

Bref, allaiter, c’est simple. Sauf que cela ne l’est pas forcément dès le début, que cela peut être difficile, déroutant, effrayant même. Toutefois, le fait de savoir que cela peut devenir quelque chose de banal, facile et… simple fait luire une lumière là-bas, tout là-bas, au bout du tunnel. Une lumière qui donne envie de tenir bon, de chercher à ce que tout s’apaise, de trouver une solution, sa solution, celle qui convient à toute la famille. Je vous assure que le jeu en vaut la chandelle.

Une mention toute spéciale pour ces femmes qui ont choisi (ou parfois subi le fait) de « tire-allaiter » : tirer leur lait et le donner au biberon. Je ne peux que saluer leur persévérance et leur énergie tant leur tâche est loin d’être des plus simples…

 

 

« Allaiter son enfant = rester à la maison » ou quelques mots pour Mme Badinter

Vendredi 29 janvier 2016, publication d’une étude sur les bienfaits de l’allaitement dans « The Lancet », tous les médias français s’en font l’écho du Monde à L’Express en passant par Ouest-France, La Dépêche et France Inter. Sans jeu de mots idiot, je vous assure que je « buvais du petit lait » tellement ce qui est dit me fait du bien à entendre.

J’écoute France-Inter, l’émission La Tête au Carré. Interview du Dr Marie Thirion, que vous pouvez écouter ou réécouter ici (de la 31ème mn à la 40ème). Claire, précise, directe, elle conclut grosso modo en disant qu’en France, à l’heure actuelle, il est quasiment impossible aux femmes de suivre les recommandations de l’OMS, à savoir allaitement exclusif jusqu’à 6 mois puis en complément d’une alimentation solide jusqu’à 2 ans, étant donné la culture de l’allaitement inexistante dans notre société (voici toutes les femmes allaitantes hissées sur un piédestal, devenues des héroïnes, ce dont je suis de plus en plus convaincue…)

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Et puis voilà, comme nous sommes en France, que les féministes ont gagné de longue date (et tant mieux) la possibilité d’être sollicitées pour tout sujet en lien avec la femme, une intervention de Madame Elisabeth Badinter est diffusée au cours de l’interview. Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, voici ce qu’en dit Wikipédia : « Élisabeth Badinter, née Bleustein-Blanchet, le 5 mars 1944 à Boulogne-Billancourt, est femme de lettres, philosophe, féministe et femme d’affaires française.   Elle est surtout connue pour ses réflexions philosophiques qui interrogent le féminisme et la place des femmes dans la société (…) »

Je vous laisse écouter sa prise de position sur le « modèle de la mère parfaite » et vous faire votre propre opinion sur celle-ci, mais ne peux laisser passer sans rien dire l’affirmation suivante : « Quand vous allaitez 24H/24H pendant 6 mois vous ne pouvez pas évidemment quitter votre maison. »

Il serait bon, Madame Badinter, que vous cessiez de penser que les mères actuelles sont les mêmes femmes que celles des années 60 ou 70 (rendons à César ce qui lui appartient : en grande partie grâce au formidable travail mené par vous et vos consoeurs féministes de l’époque qui a notamment permis aux femmes de se réapproprier leur corps…). Il serait bon que vous cessiez de parler d’un sujet que vous ne connaissez visiblement absolument pas. Il serait bon que vous cessiez de participer à véhiculer des mythes et des idées reçues sur l’allaitement maternel.

Les jeunes femmes qui décident d’allaiter aujourd’hui bougent, sortent, aiment, travaillent, bref VIVENT. Le ou les premiers mois (à elles de faire comme elles veulent) elles emmènent leur bébé partout ce qui ne me paraît pas « anormal », qu’il soit allaité ou non d’ailleurs. Peu à peu, chacun trouve ses marques et la vie se réorganise, à l’image de ce que chacune souhaite vivre. Pour peu que la société dans son ensemble leur en donne les moyens, parce que, décidément, 2,5 mois de congés maternité, qu’elle franche rigolade pour atteindre son équilibre ! Tenez voilà un point sur lequel nous pouvons tomber d’accord, Madame Badinter : 6 mois de congés maternité pour toutes les femmes, si, si, je vous ai entendu le dire. Voici un bon combat à mener. Et juste en suivant ce congé, la même chose pour les pères, comme les Suédois…

Pour conclure, et pour la petite histoire, une librairie toulousaine a refusé de vendre le livre que j’ai écris avec Laura Boil, photographe « A chacune son chemin pour un allaitement paisible » (éditions « Un autre reg’art »), par « militantisme féministe ». Je ne sais si la libraire avait pris le temps d’en feuilleter les pages, d’en regarder les photos : en aucun cas il n’est question d’un « retour de la femme au foyer », d’avantage d’un droit de la femme à allaiter, s’il elle veut, où elle veut, comme elle veut.

 

Inexium, Gaviscon… je vous mets autre chose ?

Je vous informe d’une épidémie absolument épouvantable qui touche tous les bébés de manière générale, mais j’ai l’impression qu’elle est encore plus présente chez les bébés allaités : le RGO. Qu’est-ce que ce truc là ? C’est contagieux ? Le Reflux Gastro Oesophagien. A priori ce n’est pas contagieux puisque « mécanique » or il y a comme une épidémie qui se propage pourtant depuis plusieurs années. A toute épidémie, ses molécules chimiques toutes puissantes qui en règlent « magiquement » les symptômes : des médicaments.

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Je pense que vous sentez ma pointe d’agacement. Loin de moi l’idée de dire que le RGO n’existe pas. De nombreux bébés en souffrent véritablement comme de nombreux bébés sont multi-allergiques, allergies très souvent cause de RGO. Des bébés qui vont mal et dont les mamans ne sont pas prises au sérieux parce qu’elles allaitent et que tout ce qui ne va pas bien chez leur bébé est « la faute de l’allaitement », non celle d’une éventuelle difficulté physiologique chez leur enfant. Des parents qui ont vécu cela pourront, je l’espère apporter leur témoignage en complément de ces lignes.

Aujourd’hui je m’intéresse plutôt à ces « bébés RGO » qui ont eu le malheur qu’on leur appose très rapidement cette étiquette. Parce qu’ils pleurent beaucoup, parce qu’ils sont énervés pendant la tétée, parce qu’ils se tortillent et semblent souffrir après la tétée. Visiblement ils ne vont pas bien. Ils ont besoin d’aide, tout autant que leurs parents douloureusement impuissants. Mais cette aide doit-elle forcément être médicamenteuse ?

Je me souviens de cette amie, il y a très longtemps, alors que nos bébés avaient 3 mois qui me disait « c’est dingue le nombre de médicaments qu’ils prennent à cet âge ! » et moi de la regarder avec certainement une lueur d’incompréhension dans l’oeil en répondant un « heuuuuu, j’sais pas » peu soutenant.

Je me souviens aussi  plus récemment de ce bébé dont la maman, encore à la maternité disait, « mon deuxième bébé RGO »… Comme si c’était le deuxième petit brun, ou la deuxième petite fille ! En discutant, je lui ai proposé de laisser du temps à son nourrisson pour trouver ses marques. Il venait juste de débarquer parmi nous et il ne rentrait pas aussitôt dans un moule ? Rien de plus normal non ? Je vais encore une fois reprendre une de mes phrases favorites : bien souvent le temps est un allié en matière d’allaitement ; 8 jours plus tard, la maman reconnaissait que son tout petit n’avait rien d’un « bébé RGO »…

Dans mes consultations allaitement il m’arrive  bien sûr de voir des bébés tendus, clairement mal à l’aise ; alors, avec leurs parents, je cherche des pistes… Comment se passe la journée ? Est-ce qu’il semble agité ainsi après chaque tétée ? Qu’en est-il des tétées de nuit ? Y a t-il des allergies dans la famille ? Pouvez-vous me raconter sa naissance ? Quelle est votre position d’allaitement favorite ? Pouvez-vous me décrire une tétée ? Etc, etc… Cela prend certes du temps. Un temps précieux pour écouter, accueillir, accompagner, envisager différentes solutions. Un temps qui permet d’aller à la rencontre de cet inconnu qu’est le nouveau-né. Ensemble nous ne manierons pas une baguette magique qui aplanira toutes les difficultés, mais ensemble nous tenterons d’aller à la découverte de la cause plutôt que de stopper l’effet systématiquement à l’aide de la chimie.

  • Pour information, les éléments diffusés auprès du grand public donnent la posologie de l’Inexium, sur prescription médicale, uniquement pour adultes et enfants de plus de 12 ans, pour les enfants à partir de 1 an, il faut consulter la notice. Rien donc sur les nourrissons…
  • Quant au Gaviscon, voici la posologie habituellement recommandée auprès du grand public, toujours sur prescription médicale :
    – Nourisson de 4 à 18 mois: 2,5 ml de suspension buvable Nourrisson après    chacun  des 4 repas.
    – Nourisson de 2 à 4 mois : 2 ml de suspension buvable Nourrisson après chacun des 5 repas.
    – Nourisson de 1 à 2 mois : 1,5 ml de suspension buvable Nourrisson après     chacun des 5 repas.
    – Nouveau-né de 0 à 1 mois : 1 ml de suspension buvable Nourrisson après     chacun des 6 repas.

         Ce qui sous-entend que bébé est réglé comme une horloge suisse dans le rythme              de ses tétées… 

Un bébé parfait

C’est le vôtre ? Quelle chance ! Ou bien êtes-vous persuadés que cette perle habite seulement chez vos voisins, vos amis, vos cousins ? Cela reste à voir.

Bébé est né et il a, a priori, tout ce qu’il faut : une tête adorable, de toutes mignonnes mains, des petons à croquer, bref il est parfait. Sauf que…

vanessa&swannblogSauf qu’il n’a pas été livré avec le mode d’emploi.
Sauf que Maman, seule à seule avec lui, se sent désemparée, incompétente : est-ce qu’il a faim ? Est-ce qu’il a mal ? Est-ce que je fais bien ?
Sauf que Papa ne sait pas comment s’y prendre avec un bébé et une femme qui pleurent tous les deux ensemble.
Sauf que dans tous les magazines vous avez vu de magnifiques photos de bébés souriants aux anges, dans les bras de leurs parents beaux à couper le souffle, visages attendris, attentifs, amoureux, affectueux et que si, vous, là, à l’instant T, on vous prenait en photo ce serait plutôt du genre les zombies arrivent et faites gaffe ils se sont reproduits.
Sauf que vous vous sentez carrément seuls face à ce qui vous tombe dessus et ce malgré les innombrables conseils dont les uns et les autres ne manquent pas de vous abreuver.

STOP ! PATIENCE… PATIENCE… Avoir un enfant est une aventure absolument incroyable, mais une Aventure avec un grand A : il y a et il y aura des hauts et des bas, on ne sait pas à l’avance ce que chaque jour nous apportera. Le temps est un allié précieux pour devenir parent.

Et si on parlait allaitement ? Tout pareil que si on n’en parlait pas, avec, quand même, un « chouillat » de pression supplémentaire. Parce que dans une société qui incite à ce que tout soit cadré, parfait, nickel, dès le départ, le côté « non quantifiable » de l’allaitement pose souci.

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Et si un jour…

Et si un jour, la manière d’aborder l’allaitement en France changeait…

Entendons nous bien : je n’aime vraiment pas les généralités et j’apprécie énormément le proverbe asiatique qui dit « un arbre qui tombe fait plus de bruit que mille arbres qui poussent ». Mais trop c’est trop : un jour, promis, je m’intéresserai à tous ceux qui poussent mais pour l’heure le baobab qui tombe fait un bruit vraiment trop assourdissant : je recueille quotidiennement trop d’énormités transmises sur l’allaitement par… des professionnels de santé.

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Petit florilège de contre-vérités :

  • « Mon médecin nous a dit que mon lait n’était plus assez nourrissant ; je dois passer au lait artificiel. J’en suis très triste mais mon mari m’a dit que le médecin savait quand même de quoi il parlait ! » ;
  • « L’ostéopathe dit à toutes les femmes qui allaitent de donner de l’eau à leur bébé avant la tétée sinon il va se déshydrater » ;
  • « Ma sage-femme m’a demandé de tirer mon lait et de lui donner au biberon pour voir combien je produis de lait » ;
  • « Mon pédiatre m’a dit qu’il était temps de commencer la diversification quand elle avait 4 mois. Je dois lui donner 1 tétée le matin, vers 12 h. 30 une purée et une compote, entre 16 h. et 17 h. 30 un yaourt et une compote, vers 19 h. 30 la tétée du soir. Je ne comprends pas parce que, depuis, elle se réveille 2 fois par nuit et elle tète avec appétit. Quand j’en ai parlé au pédiatre il m’a dit de lui donner une compote avant de la coucher. » (vu le régime imposé rien d’étonnant que bébé soit affamé ; donner du sucre avant de dormir, bien sûr, ça cale et ça calme ;( )
  • « Mon bambin avait la gastro et mon médecin m’a dit d’arrêter l’allaitement parce que ça donne la diarrhée » ;
  • « Mon médecin n’a pas voulu que je donne la tétée à mon bébé pendant qu’elle le vaccinait parce qu’un jour un bébé a régurgité sur elle » ;
  • « Ma sage-femme m’a dit que tout allait bien parce que mon bébé de 4 semaines prend du poids et que ce n’était pas grave s’il n’avait pas de selles. Mais moi je vois bien qu’il se tord de douleur et qu’il a mal » ;
  • « Mon pédiatre m’a affirmé que ce que dit l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) c’est dépassé maintenant. » 

Je pourrais malheureusement continuer encore longtemps comme cela. J’avoue que j’ai du mal à comprendre : pourquoi des personnes qui, a priori, possèdent plutôt une vision scientifique des choses, qui ont appris à se fier à la preuve plutôt qu’à l’idée, utilisent leur pouvoir (car oui leur pouvoir est immense sur des parents qui cherchent le mieux pour leur enfant) pour diffuser des idées fausses tout autant qu’infondées ? J’ai sans doute une trop haute opinion d’eux… ce qui ne peut que me pousser à être déçue.

Je suis une indécrottable rêveuse qui essaie de faire en sorte que ses rêves deviennent réalité, alors pourquoi pas… Et si un jour la majorité des professionnels de santé :

  • pouvaient répondre à une question sur l’allaitement « Désolé, je ne sais pas, je vous invite à contacter telle ou telle personne (association de soutien de mères à mères, consultant en lactation IBCLC ou autre professionnel de santé formé) qui pourra sans doute vous apporter une réponse » ;
  • pouvaient au moins se sensibiliser à la réalité de l’allaitement maternel plutôt que de contribuer à la diffusion de mythes et d’idées reçues, en se documentant auprès de sources officielles et validées ; sans pour autant croire qu’ils savent tout sur le thème (l’allaitement maternel est loin d’être une science exacte et on en apprend tout les jours en la matière) ;
  • pouvaient favoriser l’accès à un choix véritablement éclairé en refusant de faire gracieusement de la publicité aux fabricants de préparations lactées pour nourrissons (non ce n’est pas innocent un sous-main, une toise ou un pot à crayon à leurs couleurs) et en renvoyant le cas échéant vers d’autres ressources ;
  • pouvaient, si le sujet les intéresse, se former réellement et régulièrement à la question. Rappelons que les Consultants en lactation IBCLC doivent, s’ils veulent conserver leur certification IBCLC, apporter la preuve de leur formation continue au bout de 5 ans d’exercice et ont obligation de repasser l’examen au bout de 10 ans. A contrario, plusieurs médecins et sages-femmes que j’ai rencontrés m’ont affirmé qu’ils ne considéraient pas s’y connaître en allaitement à l’issue de leur formation initiale. En France il existe plusieurs possibilités de formation : DIU allaitement délivré en université, CREFAM, ACLP, Co-Naître, AM-F, parmi d’autres.

Voilà, si un jour tout ceci devenait réalité, il me semble qu’un immense pas aura été fait pour l’allaitement maternel en France. Je sais que beaucoup ont déjà relevé leurs manches pour s’atteler à la tâche. Heureusement. Et grand merci à chacun d’eux.